Chers amis,
Entre le moment où il quitte son pays et celui où il reçoit une réponse de la France à sa demande de protection, un demandeur d’asile va rencontrer bien des obstacles, qui auront le plus souvent une forte incidence sur son parcours.
C’est, entre autres, le cas des personnes concernées par le règlement de Dublin, en vertu duquel un demandeur d’asile doit solliciter le statut de réfugié dans le pays d’Europe qui l’a enregistré le premier, principalement en fichant ses empreintes dans la base de données Eurodac suite à un contrôle. Quand elles arrivent en France, ces personnes ne peuvent pas déposer de demande d’asile auprès de l’OFPRA, l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides ; elles sont mises en attente tandis que la préfecture qui les a reçues contacte le pays de premier passage en vue d’une réadmission.
Nombreuses dans le Bas-Rhin, ces personnes dites « dublinées » vont patienter pendant plusieurs mois dans l’attente de la réponse de ce pays.
Une partie d’entre elles, toutefois, ne veulent pas y retourner, pour des motifs divers et le plus souvent fondés (violences subies sur place, présence de membres de famille en France, soins médicaux en cours...)
C’est seulement après 12 mois supplémentaires d’attente, traversés dans une précarité totale et avec la crainte constante d’être arrêtées et renvoyées, que ces personnes pourront éventuellement voir leur demande d’asile enregistrée et étudiée par la France. Pendant 18 mois, elles auront donc attendu sans pouvoir faire état de ce qu’elles ont subi, ce qui en soit est déjà très lourd, mais quand enfin elles accéderont à la procédure d’asile, elles ne seront pourtant pas au bout de leurs peines.
Parce qu’elles étaient précédemment dublinées, elles vont en effet devoir mener leurs démarches d’asile sans pouvoir bénéficier d’une place en centre d’accueil ni percevoir l’ADA, la petite allocation de survie versée aux autres demandeurs.
Suivies par nos collègues de la SPADA, la plateforme d’accueil des nouveaux arrivants, elles sont orientées vers des associations caritatives pour leurs besoins de première nécessité, dont l’alimentation, et pour une aide financière afin de pouvoir se rendre à la convocation de l’OFPRA, à Paris. Le coût du trajet en bus ou en train pour une personne s’élève en moyenne à 70 euros, et après avoir sollicité en vain différentes associations partenaires débordées de demandes, des personnes de plus en plus nombreuses se tournent depuis quelques mois vers CASAS, qui les a accompagnées et soutenues lorsqu’elles étaient en attente de réadmission.
Une personne qui ne se présente pas à l’OFPRA par manque de moyens voit sa demande d’asile systématiquement rejetée. L’enjeu de cette aide financière pour se rendre à l’entretien à Paris est donc crucial.
Fortement sollicités par les personnes sans ressource que nous suivons dans leurs démarches de recours quand elles doivent elles aussi se déplacer pour répondre à une convocation (de la Cour Nationale du Droit d’Asile cette fois), nous avons besoin de votre soutien pour pouvoir également prendre en charge les frais de déplacement à l’OFPRA de personnes et familles anciennement dublinées, et plus largement, pour renforcer le soutien apporté à ce public fragilisé lors des différentes étapes qu’il doit traverser : nombreuses réceptions dans le cadre des permanences, explications juridiques, orientation vers un avocat, remise d’aides matérielles...
Notre volonté de répondre à cette nouvelle demande vient s’ajouter au développement de tous les projets évoqués dans notre courrier de décembre dernier et que nous sommes en train de mener : poursuite de l’aide juridique aux personnes non accompagnées, avec un renforcement de la formation de notre équipe et de l’information à notre public sur les nouvelles mesures en vigueur, suivi social et soutien matériel, multiples propositions de temps de rencontre et de découverte, notamment dans le domaine culturel, cours de français, ateliers divers, et parallèlement, accentuation de nos actions de sensibilisation sur le droit d’asile et développement de nos partenariats...
Le projet théâtre Jouer ensemble pour mieux vivre ensemble se poursuit avec toutes les dimensions prévues. Notre projet Départs et d’autres, quant à lui, touche presque à sa fin, avec l’impression d’un recueil et la mise en place d’une exposition mettant en valeur les œuvres réalisées dans le cadre des ateliers d’écriture et d’illustration animés depuis le printemps dernier, et qui seront tous deux présentés lors de l’Assemblée Générale de CASAS, le 23 mai prochain.
Rien de tout cela ne pourrait se concrétiser sans l’appui fort de nos adhérents et donateurs et celui des intervenants bénévoles qui s’investissent pour faire vivre le projet de CASAS au quotidien.
Dans l’espoir qu’il vous sera possible de soutenir le développement de notre travail dans les mois à venir, et vous remerciant vivement d’être à nos côtés dans cette aventure de longue haleine en faveur des réfugiés,
Bien sincèrement,
Daniel Mathiot, Président
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