Appel à solidarité de décembre 2019

Appel à solidarité

Chers amis,

Tout comme son public, CASAS traverse actuellement une période particulièrement difficile.

En premier lieu, le nombre de personnes sollicitant notre aide juridique cette année a très fortement augmenté (selon les mois, 50 à 80% de plus qu’en 2018 !), nous contraignant d’abord, puisque nous voulons continuer de donner suite à chaque demande, à organiser autrement notre travail, puis, malgré cela, à adopter un rythme plus effréné que jamais pour être en mesure d’accompagner ces personnes.

Cette tension permanente est encore renforcée par l’espèce de course-poursuite qu’est devenue la procédure de recours devant la Cour Nationale du Droit d’Asile. Celle-ci, sous la pression du gouvernement, doit chercher à accélérer le plus possible le traitement de chaque dossier et elle a pour ce faire trouvé un moyen imparable : l’ordonnance de tri (plus de détails dans le bulletin d’information joint). Un pourcentage inquiétant (plus de 30%) des demandeurs d’asile dont la demande de protection n’a pas été acceptée en première instance voient leur recours rejeté sans autre forme de procès, et ces examens ultrarapides étant comptabilisés dans les statistiques globales de la Cour, on comprendra que le délai de traitement d’un recours « progresse » désormais de manière très « satisfaisante » aux yeux de ceux pour qui vite fait égale bien fait…

Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin sur la route des aberrations ?

Juste avant l’été nous vous alertions sur le retrait des CMA (Conditions Matérielles d’Accueil, qui incluent l’allocation pour demandeur d’asile et la possibilité d’être pris en charge en Centre d’Accueil) pour toutes les personnes en procédure accélérée, à compter du rejet de leur dossier par l’OFPRA.

Depuis peu, même les personnes en procédure normale, et bénéficiant de ce fait d’un traitement plus équitable, rencontrent un nouveau problème. La carte sur laquelle leur petite allocation de survie est versée par l’OFII ne leur permet en effet plus d’effectuer de retrait d’espèces, mais seulement des paiements dans des commerces équipés d’un terminal. Comment faire désormais pour dédommager un ami qui vous héberge, ou profiter des épiceries et vestiaires solidaires où de petites participations symboliques sont sollicitées ? Acheter un billet sur internet pour se rendre au meilleur prix à la convocation de l’OFPRA ou de la Cour est aussi devenu impossible, car la carte nouvelle mouture ne permet pas non plus de faire des achats en ligne… Les demandeurs d’asile se voient ainsi plus que jamais contrôlés, tout à la fois empêchés et cernés de toute part, alors même que l’Etat est fautif à leur égard de par l’incomplétude de son dispositif d’accueil, et qu’ils doivent se débrouiller pour tout, notamment l’essentiel, manger, dormir, avec un très faible pécule.

Cette nouvelle difficulté, qui peut sembler marginale, a un impact direct sur notre association, qui depuis que l’Etat a cessé de soutenir ses actions d’aide juridique, demande une participation financière aux bénéficiaires de son suivi (demande assortie d’une contrepartie sous forme d’aide alimentaire ou au transport).

La baisse de cette ressource est d’autant plus problématique qu’elle vient encore creuser la différence entre les moyens dont nous disposons et les dépenses que nous engageons pour répondre au mieux à une demande en forte expansion.

Votre aide nous est donc plus que jamais nécessaire pour pouvoir mener à bien nos différents projets, construits au plus près des besoins des demandeurs d’asile privés d’un hébergement stable et d’une prise en charge digne de ce nom.

Au-delà des aides indispensables à la procédure et des réponses aux besoins de première nécessité, CASAS a encore renforcé ses propositions pour que l’attente anxieuse d’une réponse soit aussi pour chaque personne qui le souhaite le temps de la découverte de la langue française et du contexte d’accueil, et le temps de la rencontre, permettant de renouer des liens, de vivre des moments chaleureux et positifs, permettant de tenir…

Le nouveau numéro de Voix de Traverses, ci-joint, vous donne un petit aperçu de ce foisonnement d’idées, d’échanges et de réalisations !

Demeurant à votre disposition pour toute précision, et dans l’espoir qu’il vous sera possible de répondre à notre appel et peut-être également d’en faire part autour de vous, nous vous adressons nos vœux les plus sincères pour les fêtes et l’année à venir, ainsi que nos très amicales salutations.

Anne Marquis, Présidente