Rapport moral

L’année 2023 a été une année difficile pour CASAS. Alors qu’elle avait plutôt bien commencé avec la reprise d’un rythme de croisière des activités longuement perturbées par le Covid, elle s’est assez mal terminée sur divers plans :

• le projet de loi modifiant le droit des étrangers en général et le droit d’asile en particulier, qui se faisait attendre depuis déjà deux ans, n’a cessé d’être discuté avec des ajouts de plus en plus menaçants. Il a finalement abouti fin décembre au vote d’une loi qui n’avait jamais impacté si négativement la vie quotidienne des demandeurs d’asile, en leur contestant au moindre prétexte, les droits les plus élémentaires. Cette loi a été promulguée le 26 janvier 2024.
• la situation de l’hébergement a continué de s’aggraver. Il n’est plus possible de parler de crise, car
  cela fait plus de trente ans que les places d’hébergement sont insuffisantes et ne permettent d’abriter qu’environ la moitié des personnes qui pourraient y prétendre. Le projet que nous avions présenté en réponse à l’appel de la Ville de Strasbourg pour un hébergement citoyen, n’a guère suscité de vocations malgré tous nos efforts et n’a pu démarrer qu’avec le petit cercle de personnes déjà actives dans ce domaine.
• plusieurs demandes de subventions ont été refusées, nous mettant devant un déficit de plusieurs
  dizaines de milliers d’euros et menaçant une fois de plus la survie de l’association.

Notre prochaine Assemblée Générale reviendra sur l’année 2024, mais celle-ci étant déjà bien
entamée, nous pouvons nous réjouir que nos actions aient porté quelques fruits.
Sur le plan financier, notre déficit, sans être complètement comblé, s’est considérablement réduit
grâce à l’aide de l’UEPAL et de centaines de donateurs. Et il est raisonnable de penser, d’après les
messages qui accompagnaient certains chèques, que les dons étaient aussi une manière de protester contre la dérive droitière du gouvernement et du premier ministre.
En effet, la France et notre région restent un îlot de paix et de prospérité dans un monde déchiré par la guerre et les conflits dans tous les continents. Mais elle exerce peu son devoir de solidarité, et au sein de l’Europe, se laisse glisser avec bien d’autres pays, vers une politique de plus en plus répressive envers les étrangers présentés comme des fauteurs de trouble et des profiteurs. Dans l’indifférence générale, les noyades dans la Manche et dans la Méditerranée se multiplient sous nos
yeux, ainsi que les morts dans le passage des Alpes ou des Pyrénées.
Pourtant ceci contredit le quotidien que nous vivons à CASAS où, dès qu’il leur est accordé un peu d’intérêt, nous pouvons découvrir de belles personnalités, prêtes à l’échange et à la rencontre, malgré des parcours cruels, des séparations et des deuils, et d’un accueil ici, peu digne d’un pays qui se proclame défenseur des libertés. L’insertion de personnes pourtant riches en potentialités n’est pas le souci de notre société repliée sur elle-même et par exemple, les cours de français sont
insuffisamment nombreux et pour beaucoup, dispensés bénévolement et sans aide financière,
comme c’est le cas à CASAS. Quel gâchis !

Mais par ailleurs, quel plaisir de voir qu’en 2023 notre association a pu compter sur autant de
soutien moral et financier, a pu s’appuyer sur des partenaires bienveillants, et surtout a pu
continuer son travail avec des bénévoles nombreux, motivés et pleins d’enthousiasme et de
créativité.
Alors année difficile ou pas, nous pouvons poursuivre notre action en 2024 et fêter notre
quarantième anniversaire en regardant, comme Janus, vers l’avenir autant que vers le passé

Lire le rapport entier dans le document joint :